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 [PNJ] Johann C. Preston

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Date d'inscription : 20/03/2011

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MessageSujet: [PNJ] Johann C. Preston   [PNJ] Johann C. Preston Icon_minitimeDim 20 Mar - 20:16


Prénom : Johann
Nom : Preston
Nom complet : Johann C. (Charleston) Preston
Sexe : Masculin
Race : Humain
Age : 42 ans
Apparence physique :

Johann semble plus ou moins épargné par les affres de l’âge. C’est un homme grand et mince, pour ne pas dire efflanqué. Le peu de femmes qui prétendent avoir eu des rapports avec lui disent qu’il est encore plus froid et sec qu’au paraître. D’autres même disent qu’il est bien plus frigide que mystérieux ou qu’on dirait une carcasse avec juste un peu de carne et de muscles.
Malgré ces médisances, sa vigueur est au moins aussi légendaire que ses talents d’épéiste.
(A ce sujet, il n’a pas de lame favorite ou particulière mais il a un faible pour les rapières les plus fines.)
Personne n’irait contester ça.

Johann a des cheveux noirs et bouclés, qu’il a toujours portés longs. Il a la peau pâle et un visage taillé à la serpe, ce qui le rend plus effrayant que séduisant. Toutefois, son port noble et sa gestuelle assurée lui assurent un certain charisme. Ses yeux sont d’un gris perle assez commun, le même que son père. Si dans la couleur de son ascendance on ne voyait que courage et hardiesse, on ne voit dans la sienne qu’indifférence et mépris.

Ses vêtements sont souvent riches et agréables à l’œil, dans le style de ce qui se fait dans la noblesse Clavinienne. Johann se vêt surtout de noir, de rouge et de blanc. Les coupes de ses habits restent très sobres. Faire tailler de l’élégant et le porter est une habitude qu’il a prise au tout début de son « intronisation ».
Malgré cette manie prononcée à être toujours impeccable, il reconnait volontiers que ses beaux habits n’ont rien de très pratiques pour croiser le fer.
Il s’en accommode.

Caractère et défauts :

De l’enfant doux et bienveillant, il ne reste qu’un homme défiant et taciturne. Johann n’a d’yeux que pour ses objectifs et n’a aucunement de scrupules. Qu’il faille mentir, trahir, tuer… qu’importe. Se sachant capable d’agir de la sorte, il pense bien que les autres le sont aussi. Il n’accorde donc sa confiance qu’avec une parcimonie qui frôle la névrose.

Généralement, on tend à le comparer avec un caillou (mais très discrètement, ça ne lui plait pas beaucoup). C’est un homme froid, insensible, et imperturbable. Il est très rare qu’il s’énerve, daigne sourire ou simplement ait l’air ému, ce qui ne le rend pas sympathique du tout, même s’il n’a pas de mauvaises intentions. Comme une pierre, il est indifférent à beaucoup de choses et ne s’intéresse presque à rien.
Il se trouve être un peu comme Pal (Fougère, pour les intimes), son plus fidèle second. On les met dans le même panier, du coup. Peut-être est-ce pour ça qu’ils s’entendent si bien.

S’il s’est vu confié la responsabilité de Clavinia (qu’il a en théorie au même titre que ses trois autres collègues), c’est en partie à cause de son statut plus légitime que les autres. Et oui, en fils de bon chef, on a de bonnes chances d’être un bon chef. De son côté, il fait honneur à ses devoirs de façon plus pragmatique que noble et impartiale. C’est pour cette raison qu’il y a peu de mutilation et beaucoup de travaux forcés à Clavinia.
Johann tend à tout voir sous l’angle du pragmatisme, ce qui fait de lui un homme sérieux au possible (jusque parfois en être risible).

Ses échecs répétés aux objectifs insurmontables qu’il s’est fixé font de lui quelqu’un de terriblement frustré. Bien que dévoré par l’irritation, il lui viendrait jamais à l’esprit de laisser transparaître sa faiblesse.

Profession : Grand Pirate
Rôle et puissance :

Il a été pendant plusieurs années le seul maître à bord, avant qu’il propose à certains Capitaines de partager le « trône ».
Sa tâche consistait et consiste toujours à œuvrer à la salubrité et à l’intégrité de la ville et de l’île (voire à lui permettre de se développer), à rendre justice, à maintenir la paix, à s’assurer que tout le monde trouve son compte et surtout… à lui faire tenir tête au gouvernement.
Et il semble plutôt bien faire son travail. A peu près.

Individuellement, c’est un combattant redoutable, bien qu’humain.
Mais parce qu’on ne peut pas compter que sur cela pour maintenir debout une nation et protéger une île, il a à ses ordres beaucoup de monde. Son équipage se répartit toute une flotte de vaisseaux. Il a donc sous ses ordres direct ou indirect un millier de personnes. Si la plupart prennent la mer, d’autres sont chargés à terre de faire appliquer ses décisions et ses réformes.
Il finance son affaire par les différentes contributions au fonctionnement de la ville (qu’il paie lui aussi), par du mercenariat, des pillages, du commerce, des échanges de bons procédés…

Histoire :

Un imposant vaisseau fendit l’eau doucement, très doucement, jusqu’à s’arrêter au centre de la crique pour lâcher l’ancre.
L’eau était claire, le soleil déclinant. La surface de l’eau était si plaine qu’on aurait cru pouvoir marcher jusqu’à l’horizon.

Une douce nuit se profilait et pour une fois depuis longtemps, la terre était en vue, à portée de rame. Pourtant, il n’y avait que peu d’enthousiasme dans les rangs. Hommes comme femmes, tous étaient épuisés d’avoir encore à ajourner leur retour à Clavinia après tant de mois de mer. Et cette dernière semaine fut sûrement l’une des plus éprouvantes de leur voyage. Tout du long, aucun vent n’avait soufflé. Ils n’avaient pas entrevu le moindre petit nuage, ni même quoi que ce soit qui aurait pu apaiser cette chaleur infernale.

Depuis le pont, l’équipage pouvait apercevoir une barque sur la plage. Des gens étaient en train de la mettre à l’eau. Même si cette présence n’avait rien de prévue, elle n’alerta personne outre-mesure. Les matelots se regardèrent pour en chercher un parmi eux, en particulier. Celui qu’ils ne trouvaient pas, justement, c’était Henfold. Un jeune brin, bravache et volontaire, excessivement sanguin, qui s’était sûrement fait un devoir d’aller se plaindre de ce détour au capitaine. Après quelques minutes, la plupart virent que leur instinct ne les avait pas trompés. Ils purent voir Henfold en compagnie du capitaine, descendre les marches qui grimpaient jusqu’à ses quartiers. La silhouette qui flanquait le jeune homme tout sec était celle d’un colosse au corps bovin noueux de muscles. Un minotaure grand et calme, au poil d’un sombre noir, au corps couturé de motifs tribaux asymétriques.
Alors que le jeune homme se fondit dans la masse sur le pont, le capitaine resta sur les marches. Il examina le regroupement d’un air aussi rompu que celui de son auditoire.

« Comme vous l’avez peut-être remarqué, nous ne sommes pas si loin de notre destination. Encore deux jours tout au plus à longer la côte. »

Une voix forte et caverneuse, étrangement douce. Tout le monde attendait qu’il aille droit au but.

« Le repos peut bien attendre. Il peut toujours attendre. »

La déception assombrissait les visages qui le pouvaient encore. Le minotaure soupira tristement.

« Si votre chef voyait dans quel état je vous ramène il me ferait pendre, avoua-t-il sans avoir l’air plus bouleversé que ça. Nous avons encore à faire l’inventaire et à mettre en ordre le navire, ce à quoi je ne transigerais pas… (Il marqua un temps de pause puis repris) : ceci est clair ? »

Le pont grinça légèrement quand il alla jusqu’au bastingage pour guetter.

« On va pas passer la nuit ici. Vous êtes de relaxe jusqu’à l’aube. Maintenant foutez-moi le camp » lâcha-t-il sèchement.

Tout le monde se fit des gros yeux de surprise, le temps de comprendre.
La permission leva le voile taciturne. Il se chuchota vite que ça pourrait être l’occasion d’aller mettre pied à terre pour la nuit, et goûter à l’ivresse du retour avant l’heure.
Une très bonne nouvelle.

*

[Pas si loin de là, dans une barque.]

Le vaisseau n’était plus très loin. Il n’avait pas perdu le coup de rame, comme il se fit la remarque. Il faut aussi avouer que le pêcheur qui l’accompagnait l’aidait beaucoup, même s’il le niait totalement.

Voilà une semaine qu’il séjournait dans ce village en contremont, le dernier d’une longue liste. Oscar travaillait pour Preston, le Grand Pirate. C’était un jeune homme sec, bientôt la trentaine, au moins aussi arrogant que son père. C’est un membre de l’équipage, de la grande famille si l’on préfère. Même s’il n’est pas de ceux qui prennent la mer. Il était un de ses « dignes représentants » à terre. Un de ces hommes qui essayaient de maintenir la paix ou de faire respecter les décisions des Grands, bien trop occupés pour le faire eux-mêmes. Etre la main d’une justice partiale et expéditive lui plaisait bien. Il lui arrivait souvent d’avoir d’importantes responsabilités ou des missions diplomatiques délicates. Ou sinon, comme il l’avait fait ces dernières semaines, il avait dû essayer de départager des débiles et des poivrots.

Oscar avait été chargé par Preston de tâter le terrain, de lui rapporter ce pourquoi un conflit avaient éclaté au nord de l’île et quelle pouvait être l’étendue des dégâts. Il avait même fait mieux, en réalité… Il s’était chargé de résoudre le problème, avec des moyens qu’il tairait sûrement.
Une pauvre histoire de femmes, de bêtes sauvages et d’accusations de sorcellerie qui avaient pris des proportions démesurées…

Si le reste de l’île n’était pas sous la juridiction des Grands Pirates, et à plus forte raison, sous celle de Preston, les conflits de cul-terreux se faisait un jour ou l’autre entendre jusqu’à la place du marché de Clavinia. Et il n’aimait pas ça, que des gueux brûlent des étals de « sorciers », les battent et leur urinent dessus pour les punir.

Quoi qu’il en soit, il lui fallait revenir à Clavinia faire son rapport, et ça avait été une aubaine d’apercevoir le navire de Fougère. Il pourrait lui épargner une bonne semaine de marche.

Alors qu’ils arrivaient à portée de voix, il put voir que l’équipage mettait à la mer plusieurs barques, qui eurent vite fait de se remplir. Sur la cinquantaine de matelots, ils ne furent que deux ou trois à lui rendre son salut, ce qui ne manqua pas de l’irriter. Dans une parfaite indifférence, ils filèrent vers la côte. Déjà qu’on l’avait envoyé lui pour traiter une affaire de peigne-cul à la cambrousse, voilà qu’il se faisait ignorer par du connard de matelot. Quand il arriva en haut de l’échelle de cordage, Oscar était tellement aigri qu’il congédia le pêcheur d’un signe sec, prêt à s’enrager s’il se mettait à demander des comptes.

Il n’y avait presque personne sur le grand pont, si ce n’est quelques isolés accoudés au bastingage.
Fougère s’approcha de lui, aussi impassible et imposant que jamais. D’un hochement de tête il lui fit signe de le suivre puis tourna les talons vers une immense porte à double battant, ayant la forme d’un ovale tronqué. Il disparut dans l’entrebâillement. Oscar le suivit. Il était accoutumé à ses manières de sauvage.

Le Capitaine l’attendait à l’une des dizaines de tables, dans ce qui était sans doute une salle commune ou une sorte de réfectoire. Les madriers y étaient apparents, le plafond haut, les fenêtres très grandes, le plancher immaculé, les tables biens ordonnées. Il y avait même une estrade et deux escaliers qui se rejoignaient pour aller vers un sous-sol. Oscar s’attendait à plus rustre comme conception, et à plus fonctionnel, surtout. Il n’y connaissait pas grand-chose par ailleurs. Il était citadin et diplomate, pas docker. Un homme entre deux âges lui servit un verre de rhum puis lui demanda s’il désirait quoi que ce soit d’autre. Ce à quoi il répondit non, avec un sourire satisfait. Il aimait les gens serviables et déférents.
Un rhum qui semblait plus sirupeux qu’autre chose. Écœurant.

« C’est tout ce que vous avez ? demanda-t-il froidement, pour engager la conversation.
- Non. Mais c’est ce que je préfère.
- Ah. Tu bois toi maintenant ? » fit-il, surpris, en goûtant du bout des lèvres.
Très sucré, certes. Mais pas si mauvais.
« Non. »

Oscar haussa un sourcil.

Le vrai nom de ce minotaure, du moins celui qu’il porte officiellement sur toutes les mers, c’est Pal. C’est Preston qui l’a affublé de ce surnom raciste et ridicule, comme pour lui faire payer ses cours de morale sur « la terre-mère » dont il l’abreuve parfois. Pour Oscar, c’était un collaborateur dont l’indifférence qu’il faisait montre à l’égard de tout l’exaspérait. Certaines choses ne le trompaient pas… on ne pouvait pas avoir un navire si immense et une telle influence sans rien.

« Alors dis-moi, reprit-il, qu’est-ce qui t’amène ici ? »

*

Oscar eu tout le loisir de lui raconter son affaire dans la campagne Clavinienne, ce qu’il avait pu faire ces derniers temps, et une kyrielle d’autres choses inintéressantes. La nuit était tombée, depuis ce temps. Des membres de l’équipage étaient revenus à bord piquer un baril de bière coupée, deux jambons, du saindoux et un chapelet de saucisses. Ils durent traverser la grande salle commune avec leurs rapines. Ils ne purent pas être plus mal à leur aise, sous l’œil implacable et réprobateur du capitaine.

Le minotaure n’était pas des plus volubiles qui se fassent. Un silence de plomb était tombé depuis plusieurs dizaines de minutes avant qu’il ne trouve un sujet de conversation. Oscar s’était alors levé pour explorer la pièce. Sa ronde le fit revenir vers la table.

Toujours impassible : « Oscar.
- Hum ?
- On appareille tôt demain. »
Ne sachant où il voulait en venir : « Oui, c’est bien possible. Et donc ?
- Tu ferais mieux de te reposer. Tu auras du travail demain », dit-t-il sereinement, comme si rien ne pouvait plus aller de soi.

*

La majeure partie de l’équipage avait passé la nuit sur la plage à mettre le bordel, mais très calmement. Ils n’étaient pas au meilleur de leur forme. Ils revinrent toutefois requinqués et souriants, comme l’avait espéré leur Capitaine.
Il avait encore à leur faire faire avant de les lâcher.

Du côté de Pal et Oscar, la conversation coupa vite court. Le minotaure envoya Will trouver une cabine à son « hôte », puis il se retrouva seul dans l’immense salle commune.

Il était allé se chercher un verre de l’étrangeté qu’il avait fait servir Oscar. Assis à la même table, éclairé à la seule lumière du quartier de lune, il repensait à ce qui avait pu se dire dans la soirée. S’il avait eu à écouter des tas de conneries, il avait au moins eu ce qu’il voulait : Preston était sûrement encore de ce monde, ce dont il doutait fort avant qu’Oscar lui donne sans le vouloir des nouvelles relativement récentes. Pal comptait sur le fait que si Preston était mort, le dernier des gnous de l’île l’aurait su. Parti en mer depuis si longtemps qu'il l'était, il ne pouvait être au courant de rien. Et Preston décidé à donner le coup de grâce...
C’était nécessaire qu’il sache.

Le destin n’était jamais du côté des insoumis, un revers à un moment crucial ne pouvait qu'aller de soi.

Remuant son verre vide, il remarqua qu’il connaissait Johann, son capitaine, depuis fort fort longtemps. Depuis les premiers cris du Capitaine, en réalité. Il eut du mal à admettre que le minotaure noiraud et laconique qu’il est fut aussi le bras droit de Charleston Preston, le père de Johann et le fondateur de Clavinia. Tant de loyauté, pendant si longtemps… Il renâcla.

Johann. Dans ses flous souvenirs, c’était un gamin souriant, bravache et énergique. Tout le contraire ce qu’il a pu devenir quand ils se sont mis à collaborer, une fois qu’il se crut l’âge de prendre la mer. Confié à Pal comme élève, il devint un jeune humain froid et sérieux, comme lui-même pouvait l’être. Mais le minotaure comprit qu’il ne tenait pas tout ça de lui, qu'il s'agissait d'une rancœur, ou quelque chose de ce goût-là. Le jeune homme s’accommoda bien vite aux risques et aux rigueurs. Il progressa, puis se lança dans ses propres affaires. Et quel premier vaisseau il se paya avec sa solde et ses économies... Il était plus question d’une pauvre barque avec deux glandus aux rames, se souvient-il. Mais cela ne l’empêcha pas de s’affranchir. Et de partir, pendant longtemps. Très longtemps.

A la mort de son père, il y a de ça 20 ans, personne ne se pressait d’assurer sa succession, rebutés qu’ils pouvaient l’être par la responsabilité et les attentes des Claviniens. Pendant un an, sans chef, Clavinia eut à essuyer un chaos sans précédent. Autant de bordel que Pal n’est pas près d’oublier.

Ce sont les nobles et doucereux marchands Claviniens qui retrouvèrent l’aventurier. Ils supplièrent Johann, de reprendre le flambeau, lui qui n’était au port qu’un mois par an et qui n’avait que 22 ans. Johann, de son côté, n’en n’avait ni l’envie, ni la hargne, ni le charisme. On le fit grimper jusque-là pour jouer le rôle d’un cache-misère. Et les gens en furent très heureux, puisqu’il jouait très bien son rôle. Les Claviniens se calmèrent, l’ascendance du « prince » ne pouvait qu’être bonne et la ville ne pouvait que se reprendre.
De son côté, il se prit tout de même à apprécier, et s’appropria doucement ce qui lui était dû.
Influence, argent… pouvoir.

*

[Deux jours plus tard.]

A peine eurent-ils débarqués qu’ils eurent à se fondre dans la masse inhabituelle de badauds qui encombraient le port. Tonnant sa joie et sa hargne, la foule hurlait et levait le poing. Un ordre se discernait dans ce chaos sauvage : les gens semblaient s’écarter au passage d’un homme que seul Pal, de toute sa hauteur, pouvait apercevoir. Un grand homme marchant doucement qui en traînait un autre par le col, lui faisant souffrir la douceur du rêche pavé.
Il ne reconnut Preston en le bourreau qu’une fois à portée de voix.

Ce dernier s’arrêta, et salua son frère de sang d’un hochement de tête. Son prisonnier était dans un bien piètre état, c’est tout juste s’il semblait conscient. Le Grand Pirate leva haut le poing de son bras libre et les proches passionnés se turent. Le monde s’écarta tant bien que mal pour faire place.

« Ce truand que je traîne devant vous, personne parmi vous ne l’a jamais aperçu ! » hurla le Capitaine comme possédé.

Une ardeur qui ne lui ressemblait pas, en plus de ne ressembler à rien de connu. Devant le spectacle, le silence du curieux devant l’unique pris le dessus, et la plupart des badauds ne mirent à retenir leur souffle. Un amalgame de fierté et de rage perçait dans son regard brillant.

« Il est de ceux qui ont piétiné votre fierté et celle de vos pères ! Il est de ceux qui ont violés vos sœurs et vos mères, qui ont souillés les terres de vos ancêtres ! » Il rajouta, plus fort encore : « Vos peuples sont aujourd’hui asservis par sa faute, mes sœurs et mes frères ! »

Des chapelets d’imprécations émergèrent de la masse compacte et fébrile qui l’encerclait, qui se bousculait en hurlant.

« Ce n’est pas moins que l’un des hommes les plus puissants de ce monde que je traîne à vos pieds aujourd’hui ! Non, Claviniens ! Pas moins qu'un oligarque en personne, frère et conseiller du Gouverneur de surcroît ! »

La stupeur traversa la foule qui pénétrait un peu l’étendue de l’évènement. Un homme si puissant, recroquevillé, souillé et misérable. Comment s’était-il assuré un tel triomphe ? Disait-il au moins vrai ? Preston, comme pour donner un sens à une vie de vains combats, dégaina une fine lame à sa ceinture, releva l’oligarque, et le transperça avec vigueur, enfonçant sa rapière dans le dos jusqu’à la garde. Le visage de la victime se tordit d’un rictus de douleur, horrifié par ce qui sortait de son torse. De sa bouche bée, un filet de sang vermeil coulait imperceptiblement sur son visage mal rasé. Voulant en donner toujours plus à la foule, Preston retira son arme, faisant étouffer au condamné des hoquets pitoyables de douleur, laissant la masse se repaître du spectacle. Le sang rendait frénétique ses hommes et ses femmes, les déchargeant un instant d’une vie de misère et de violence.

La tension atteint son paroxysme et les cris redoublèrent quand Preston leva bien haut la tête fraîchement détachée du corps inerte.

Peut-être Pal était-il un des rares à comprendre la portée de ce à quoi il venait d’assister. Et peut-être est-ce pour ça que ses poils s’hérissèrent sur sa nuque. Ce n’était pas que l’ivresse de la victoire, c’était aussi la peur de se dire que la guerre qu’il mène depuis près de 200 ans allait toucher à sa fin, et qu’il allait falloir une fin à tout ça. Le destin allait devoir désigner un gagnant et un perdant, et cela ne pourrait se faire sans les mers ne baignent dans le sang.

A partir d’aujourd’hui, songea-t-il, le monde ne serait jamais plus tout à fait le même.
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